En 2013, le mus e des Beaux-Arts de Caen pr sentait une exposition intitul e Un t au bord de l'eau consacr e l'essor des loisirs de plein air. Il propose d' clairer aujourd'hui l'autre versant de cette modernit en marche, non plus au travers des images du temps libre, d di la d tente au cour de la nature, mais par le prisme de la repr sentation du travail dans l'effervescence des villes. L'exposition Les villes ardentes , programm e du 4 avril au 20 septembre 2020 dans le cadre de la quatri me dition du festival Normandie impressionniste, s'attache aux images du labeur en milieu urbain, de 1870 1914. Imagin e par Emmanuelle Delapierre et Bertrand Tillier l'exposition m le une centaine d'ouvres peintes et dessin es venant clairer ces ann es qui, du souvenir des v nements de la Commune la veille de la premi re guerre mondiale, voient l' mergence d'une France industrialis e. Consacr e au XVe si cle en Champagne, en marge des comm morations du 6e centenaire du trait de Troyes. Adeptes de la peinture de plein-air, les peintres impressionnistes s'attachent en premier lieu la transformation des paysages, multipliant les vues des plaines ou des cours d'eaux maill es de chemin es d'usines. Le premier pointer l' mergence des zones industrielles est Armand Guillaumin, d s 1869, Ivry. Au cours des deux d cennies suivantes, nombreuses sont les ouvres refl tant la modernisation de la France. La Normandie joue dans ce processus un r le majeur : si pris e pour son littoral favorable au d veloppement des loisirs bourgeois, elle l'est encore pour ses paysages industriels. Ce bouleversement touche tout autant les faubourgs que le cour des villes. Paris ach ve de se moderniser selon les plans du baron Haussmann, le chantier du m tropolitain progresse. Les peintres prom nent un oil attentif sur les quais et dans les rues o d chargeurs de charbon, cantonniers et ouvriers du b timent s'affairent. Bien des artistes ne s'en tiennent pas l et passent la porte des ateliers ou des fabriques, pointant les conditions d'exercice de nombreux travailleurs isol s, au premier rang desquels les tisserands et les repasseuses. Ce sont bien les mutations du monde du travail elles-m mes qui apparaissent en filigrane dans ces ouvres d crivant des m tiers suspendus pour un temps aux confins de l'artisanat traditionnel et du monde industriel. Les ateliers familiaux laissent peu peu la place aux manufactures et aux usines. Certes l'artiste ne pr tend plus dresser le portrait de la France industrielle de son temps, comme l'avait fait au milieu du XIXe si cle Fran ois Bonhomm . Il t moigne en revanche des volutions sociales en cours, telles que l'essor du travail des femmes ou l' mergence de la classe ouvri re. Confront des paysages et une r alit sociale en voie de transformation, il y d c le une beaut nouvelle, quand il ne fait pas le choix d'un engagement politique. Comme l'a soulign l'historienne Madeleine Reb rioux, 1880 ouvre une une d cennie tournante, contemporaine d'une double jeunesse, celle de la libert et [.] celle de la gr ve . Les mutations touchant le monde du travail font appara tre des utopies et des combats nouveaux. Quelques artistes, l'instar de Camille et Lucien Pissarro, Paul Signac ou Maximilien Luce, affirment des convictions anarchistes, concevant aussi bien des ouvres peintes, des projets d'affiches que des dessins pour la presse. C'est l'histoire de la IIIe R publique qui s' crit ici en images, depuis sa naissance difficile jusqu' sa consolidation.