197 recettes nouvelles par Lautrec et Joyant

Le génie de Toulouse-Lautrec est d'embellir la vie, d'en découvrir les joies les plus inattendues et de n'en négliger aucun charme, Ses tableaux recoivent dans le monde entier l'hommage de millions de visiteurs. Mais on oublie que ce peintre passionné adorait aussi cuisiner et que ses recettes offrent une voie moins solennelle pour goûter l'étrange saveur douce-amère de cette Belle ipoque dont il a laissé l'image la plus fascinante et la plus suggestive. Lautrec est un cuisinier encore méconnu. Heureusement, le compagnon de toute son existence, Maurice Joyant, son condisciple au Lycée Condorcet, son éditeur et son marchand de tableaux, a décrit, bien après la mort de Lautrec, les plats qu'ils inventaient, transformaient, préparaient entre amis. Ce livre est le mémorial des quelques trop courtes années d'exploits culinaires. Les recettes tantôt simples, tantôt raflinées, sont toujours originales et faciles à réaliser pour des amateurs soigneux. Les légumes et les volailles peuvent, comme les filles de joie ou les femmes du monde, comme une partie de campagne ou un jour de pluie, paraître tristes ou gais, fades ou désirables. Lautrec, qui sait l'art d'accommoder la vie, cherche d’'abord à illuminer ses repas. Ses aquarelles, ses lithographies, ses croquis, donnent au menu, avant même qu'on lait goûté, une séduction particulière. Ainsi, les plus rares plaisirs réservés il y a trois quarts de siècle aux amis de Lautrec s’offrent aux détours de ces pages. Et, à travers le fumet des ramereaux aux olives et les saisissantes images de Jane Avril, de May Belfort, de Cha-U-Kao, d’Yvette Guilbert ou de la Goulue, réapparaissent les grâces d'une époque inoubliable.

400 reproductions en couleur et en noir d’ceuvres d’Henri de Toulouse-Lautrec

La cuisine est-elle un art? Henri de Toulouse-Lautrec en était convaincu. Pour lui, en effet, l'art de peindre est d'abord un art de vivre. Quand à quinze ans la maladie l'écarte de l'existence mondaine et sportive de sa famille, il devient peintre sans sacrifier aucun plaisir. Amoureux passionné il représente des femmes avec un dessin frémissant, ìl peint des chevaux avec la ferveur et la rigueur d'un cavalier, et comme il adore manger il invente des recettes avec autant de verve et une technique aussi sûre qu'il orne un menu ou exécute un tableau. Imaginer un plat est une création artistique comme écrire un poème ou danser un ballet.

Aujourd'hui où la gloire de Lautrec, l'austère atmosphère des musées, les hautes enchères imposent un respect gênant pour retrouver l'émouvante spontanéité de ses chefs-d'ceuvre, il devient indispensable de se souvenir qu'il n'établissait aucune hiérarchie entre ses diverses activités, ses différents plaisirs, et croquait d'un même coeur une adorable silhouette de femme ou un succulent cuissot de chevreuil. Par chance, le meilleur ami de Lautrec, Maurice Joyant, nous a laissé un portrait de lui complet et plein de naturel: il ne s'est pas contenté d'écrire un livre précis, Éémouvant, 1l a créé le Musée ToulouseLautrec d' Albi, et puis dans les dernières années de sa vie il a réuni et rédigé les recettes de cuisine découvertes dans la compagnie de Lautrec. Ce recueil de plats nouveaux propose donc un double plaisir; d'abord surprendre et satisfaire la gourmandise mais aussi recréer latmosphère s1 caractéristique de Lautrec. Comment, en effet, mieux apprécier les admirables portraits de May Belfort et de Cha-UKao qu'en préparant et en dégustant les incomparables ramereaux aux olrves inventés et cuisinés par Lautrec pour ses amis et ses modèles préférésr Ces plats, comme ces tableaux, ont la saveur d'un temps très proche qui suscite une croissante nostalgie. L'oeuvre de Toulouse