?Cet important ouvrage s?annonce comme ?une tentative pour lire Platon à la lumière des idées contemporaines? (p.11). Ce projet, auquel on ne peut qu?applaudir, se réalise à la faveur d?une lecture extrêmement attentive du texte même des ?Dialogues?. L?information dispensée est impressionnante: tout ce que l?oeuvre platonicienne présente de ?psychologique? est passé au crible d?un examen serré de la lettre et de l?esprit. Certes, l?auteur ne nous cache pas son intention de relier Platon à Freud, mais ce dernier n?apparaît qu?à titre de référence. Il s?agit donc d?une monographie authentiquement platonicienne, conçue d?une perspective historique. L?évolution de Platon se développerait, nous dit M. Brès, en trois grandes étapes. Les oeuvres de jeunesse graviteraient autour d?un thème majeur: la nostalgie de l?árétè? et la recherche d?un ?maître de vertu?. Dès le ?Ménon? et la fondation de l?académie apparaîtrait un nouveau platonisme (?), orienté vers un idéal intellectualiste, l?ancienne vertu cédant la place à la science intuitive et le maître de sagesse s?effaçant lui-même devant une exigence de pensée pure fondée sur la réminiscence, la quête des Idées, l?aspiration de l?âme individuelle, soulevée par l?éros?, et le moment sublime de la contemplation. A partir du ?Phèdre?? ces vues seraient dépassées au profit d?un nouveau thème, celui du ?discours?. Le ?logos? s?affirmerait alors comme la tâche essentielle de l?homme. L?élan dynamique qui animait la grande pensée de Platon se figerait en une logique classificatrice; ce qui était immortalité contemplative deviendrait immortalité logique (?) Et bientôt, le logos lui-même se résorberait dans ?la loi?. (?) Il faudrait de nombreuses pages pour nuancer le jugement critique qu?on appelle cette riche étude.? (RENÉ SCHAERER in Revue de Théologie et de Philosophie, 1970, pp.201-203).