En 1927, le secrétaire communal de Huy, René Dubois, passionné d?histoire locale, publiait un «Essai d?iconographie hutoise ou description des vues, plans, portraits et médailles relatifs à la ville de Huy ainsi qu?aux châteaux et maisons religieuses des environs (1574-1900) (Annales du Cercle Hutois des Sciences et Beaux-Arts, t. XXI) », dont le noyau était formé par la splendide collection qu 'il avait patiemment réunie et que l?on peut admirer aujourd?hui au musée communal. Malgré son caractère incomplet et nombre d?imperfections et d?erreurs de détail, cet essai garde encore toute sa valeur. Le présent volume ne prétend le remplacer, ni comme catalogue, ni comme inventaire. La documentation - le lecteur s?en rendra compte en feuilletant les pages qui suivent - est extrêmement abondante et de plus dispersée un peu partout. Le dépouillement exhaustif des principaux centres de documentation européens exigerait à lui seul un temps et des subsides considérables. Aussi cette enquête se place-t-elle sur un plan différent. Plus modeste, puisqu?elle se limite aux peintures, gravures, dessins, cartes et plans dont déjà le nombre est suffisamment élevé. Plus ambitieux pourtant, puisqu?elle s?efforce de dégager une typologie, qui viserait à mettre en évidence, originaux ou inédits, à en déterminer l?auteur, la date et la valeur en les rapprochant d?autres sources, à les regrouper selon les traits communs qu?ils présentent (orientation, raison d?être, technique employée). Bref, elle voudrait faire prévaloir un ordre, tout provisoire, dans une matière où a régné jusqu?à présent une confusion assez regrettable, comme l?ont montré les controverses à propos de la «Nativité» du Maître de Flémalle. En s?appuyant sur l?apport de l?illustration, on a tenté, par la même occasion, de réaliser une sorte d?atlas urbain qui permettrait aux historiens de saisir la ville dans sa réalité figurée, en vue d?une étude plus approfondie de sa topographie entre le XVe et le XIXe siècles. Le cadre dans lequel s?est déroulée l?histoire hutoise n?est pas immuable: ce n?est pas d?aujourd?hui que les hommes et les événements s?ingénient à le transformer, c?est-à-dire à l?améliorer ou à le détruire. Aussi l?image que l?on se fait de la ville varie-t-elle dans l?esprit des générations: la documentation répercute assez fidèlement ces changements dans la mentalité. A Huy, par exemple, sens du pittoresque (lié au début à certains aspects religieux), préoccupations descriptives, nécessités militaires ou fiscales se succèdent, se confondent et se complètent tour à tour. Il était donc naturel de faire une place, aux côtés d?artistes réputés comme R. Campin ou J.M.W. Turner et des auteurs de gravures et de dessins, aux ingénieurs militaires du XVIIe siècle et aux géomètres des XVIIIe et XIXe siècles. Chacun à sa façon et selon ses moyens, ouvre sur le phénomène urbain une perspective originale et souvent féconde, que l?on s?est efforcé de replacer dans son contexte historique, l?éclairant par des extraits d?écrivains et de voyageurs contemporains. Une illustration abondante procure à cet essai une dimension supplémentaire. Elle a été choisie en fonction de deux critères. Originalité d?une part: il a paru préférable de reproduire les documents moins connus, inédits ou controversés plutôt que les vues traditionnelles largement répandues. Utilité, de l?autre: les reproductions «curieuses» ont été écartées au profit de celles qui serviront directement à l?étude de la topographie urbaine. Non sans que les nécessités de l?exposé ou la documentation disponible n?entraînent, ici et là, d?indispensables acco-modements. Au demeurant, l?essentiel était de lier histoire urbaine et iconographie. L?amour du passé, s?il n?est qu?amour de vieux textes, ne nous semble ni complet, ni fécond.