La Fondation de l'Hermitage accueille la première grande rétrospective suisse du peintre français Achille Laugé (1861-1944). Cet artiste fascinant a suivi sa propre voie au sein du mouvement néo-impressionniste, restant toujours profondément attaché à sa région natale d'Occitanie. L'exposition rassemble près de quatre-vingts ?uvres de toutes les périodes de sa carrière, mettant en lumière la profonde originalité et l'extraordinaire sensibilité de ce peintre du quotidien. Laugé s'est inspiré de son environnement immédiat et a dépeint les alentours de sa maison de Cailhau, les fleurs de son jardin, sa famille et ses amis avec beaucoup de simplicité et d'élégance. Sa technique très pure consistait à juxtaposer les trois couleurs primaires en points ou en treillis dans une variation très personnelle de la méthode divisionniste. Sensibilité inhabituelle Par de nombreuses expérimentations, seul dans la lumière éblouissante du sud de la France, Laugé fait sienne la théorie des couleurs de Seurat et Signac. Son ?uvre profondément originale témoigne de son intuition de la couleur dans de magnifiques natures mortes où bouquets de coquelicots et marguerites côtoient fruits mûrs et rameaux d'amandiers en fleurs. La peinture de Laugé est un "art d'une sensibilité exacerbée", comme le note son ami Bourdelle. Géométrie, perspective et lumière Comme Monet et ses cathédrales, Laugé peint par séries, représentant à l'infini les routes autour de Cailhau. Dans des paysages rigoureusement construits, il cherche à rendre les nuances de la lumière et le passage des saisons dans le détail de leurs variations. Il arpente les routes avec « l'atelier-caravane » qu'il a conçu pour peindre d'après nature, créant des compositions pures qui dégagent un doux sentiment de calme, avec un sens de la composition très géométrique et un intérêt pour le vide. La technique rigoureuse qui caractérise les portraits de Laugé des années 1896-1899 se conjugue à la délicatesse que l'on retrouve dans toute son ?uvre. Dans la période 1905-1910, son coup de pinceau devient plus fluide, utilisant toujours la même palette réduite de couleurs pures. Dans les années 1920 et 1930, il passe l'été à Collioure, haut lieu des coloristes du début du siècle. Laugé meurt en 1944, n'ayant jamais cessé de travailler, cultivant sa palette singulière et son coup de pinceau résolument vibrant et libre.